Ce roman intimiste avait été publié en 1943. À certains, il pourra peut-être paraître un peu désuet. Mais si le contexte est effectivement daté, l’analyse des sentiments de l’héroïne – jeune femme d’avant-guerre enfermée, pour ne pas dire piégée, dans un bonheur conjugal tranquille et terne – est intemporelle. Marie est mariée depuis six ans quand son regard croise celui d’un jeune homme inconnu. Elle prend conscience progressivement qu’elle n’attend plus de son mari « ni joie ni douleur d’amour ». La tentative de suicide de sa soeur ne fait qu’accentuer son besoin d’aller à la recherche d’elle-même.
Sous cette histoire somme toute banale d’un adultère, se dessine un délicat portrait de femme dont la flambée de désir, la soif d’échapper au quotidien, sont finement analysés. Les phrases d’un beau style classique accompagnent avec justesse les états d’âme de Marie face au quotidien, son ardeur à profiter de l’instant, le côté éphémère, fragile, de l’amour, la pesanteur de la réalité. Madeleine Bourdhouxe est belge. Actes Sud avait déjà publié en 2004 La femme de Gilles, un autre de ses romans qui avait fait l’objet d’un film. Un auteur à redécouvrir ?