Marie et sa famille vivent dans le Pas-de-Calais, dans un lotissement coincé entre les champs de betteraves et la mer où croisent les ferries. Depuis la mort de sa soeur et la perte de son travail, malgré l’affection des siens, elle est à la dérive. Mari, enfants, maison, courses à Carrefour, sorties d’école, apéro chez les copains, télé et Assedic au début du mois sont autant de misérables bouées auxquelles la jeune femme s’accroche avec une molle désespérance. Jusqu’au jour où elle « les » voit, eux « les Kosovars », réfugiés agglutinés devant Monoprix, sur les parkings ou dans les tentes près de l’entrée du Tunnel. Reniant tout, Marie va se vouer à leur survie jusqu’à la perte d’elle-même. Comme dans Passer l’hiver (NB mars 2004) ou Falaises (NB octobre 2005), un style âpre, rugueux, imprègne le texte d’une atmosphère sinistre, lourde, où suintent l’ennui du quotidien comme l’angoisse de l’attente, et dessine les personnages d’un trait grossier qui tend parfois à les caricaturer. Un constat réaliste, sévère, mais schématique et sans grande originalité.
À l’abri de rien
ADAM Olivier