Dans un hôpital de Trieste, un vieil homme se confie à son psychiatre. Il déclare être Salvatore Cippico, né en 1910, ancien membre du parti communiste italien, déporté à Dachau, jeté par Tito dans le bagne de Goli Otok, émigré finalement en Australie. Il se dit le clone de Jorgen Jorgensen, personnage historique, né en 1780, corsaire-écrivain, éphémère roi d’Islande, finalement déporté en Tasmanie. Dans son esprit malade, leurs histoires respectives ne font qu’une. Ainsi se raconte-t-il à travers les grands événements et bouleversements de deux siècles ! Au risque parfois de perdre pied, nous voici entraînés à une vitesse vertigineuse dans un incessant aller et retour dans le temps et l’espace. Plus profondément, ce roman, riche d’érudition, est une réflexion lyrique mais quelque peu désabusée sur l’Histoire. Son titre aurait pu être Utopie et désenchantement (NB avril 2001), titre du brillant essai de Claudio Magris sur la littérature d’aujourd’hui.
À l’aveugle
MAGRIS Claudio