À l’extérieur d’une ville, dans une grande maison, vivent douloureusement des femmes isolées, répudiées par leurs maris. Libres d’aller et venir, de sortir, aucune d’elles n’ose transgresser l’interdit. La tradition et leur éducation les retiennent, l’espoir aussi qu’« il » reviendra… Une mère et sa petite fille de sept ans y vivront pendant dix ans. L’enfant ne connaît que cette « maison où règne le silence des cimetières ». Elle voue un amour inquiet et total à « la Mère » et, lorsque celle-ci meurt, part à la recherche d’un père entraperçu et fantasmé. Kaoutar Harchi (L’Ampleur du saccage, NB septembre 2011) se penche ici sur la tradition qui – en pays musulman, suppose-t-on – opprime les femmes et leur enlève tout droit de vivre. Derrière les lourdes portes, les femmes condamnées souffrent, gémissent, s’enfoncent dans la folie. La jeune fille est le témoin de ces histoires d’épouses désespérées, abandonnées à elles-mêmes. On ressent une oppression forte, un étouffement. Le décalage entre l’expression sophistiquée des héroïnes et leur origine sociale peut surprendre, bien que compensée par une écriture séduisante.
À l’origine notre père obscur
HARCHI Kaoutar