Un homme est à sa fenêtre. Tourmenté par la tige de fer qui tient sa colonne vertébrale, il revisite sa vie pour essayer « d’attraper ce qui s’est passé à l’époque, comme à la chasse aux papillons ». Ancien assistant d’un metteur en scène célèbre, ce personnage subalterne à « l’âme concave » observe les activités des autres qui peuplent ses journées. Il consigne sur le papier, comme « on parle tout seul dans la rue », ses souvenirs épars. Ce sexagénaire en oublie presque sa jeune compagne qui l’observe à l’écart, mais dont il craint plus que tout le départ.
La structure de ce livre traduit de l’allemand – arrêt sur image, sensations, questions – ressemble à une construction mentale dont la retenue et le désabusement diffusent un léger parfum de mélancolie. Après Mes dibbouks (NB août-septembre 2006), le metteur en scène mondialement reconnu, Luc Bondy, théâtralise ses fantômes et annonce, par l’intermédiaire de son héros étrangement distrait et détaché de tout, y compris de lui-même, la mort imminente de l’art qu’il sert depuis tant d’années.