À son image

FERRARI Jérôme

Antonia est corse. Dès sa prime jeunesse la photo l’intéresse. Son parrain qui est aussi son oncle lui offre son premier appareil. Grâce à la confiance et l’affection qu’ils ont l’un pour l’autre, elle progresse et parvient, malgré les réticences de ses parents, à en faire son métier. Bientôt, les événements violents des années quatre-vingt-dix, tant sur l’île qu’en Europe centrale, modifient en profondeur sa perception de la vie.  Antonia n’est pas une esthète, c’est une jeune femme pleine de curiosité et de passion lucide pour l’humain. Une interrogation sous-tend sa courte vie : capter ou non l’instant, un visage, une scène, les fixer sur papier, pourquoi ? Et surtout pour qui ? Derrière ce questionnement persistant se déploie une recherche obstinée de sens. Dans ses reportages, elle se sent tiraillée entre l’absurdité des attentats, de la guerre avec leur cortège d’atrocités gratuites, d’apathie peureuse, et la vacuité des rites familiaux, baptêmes, mariages, dans une société dont elle est pourtant proche. D’admirables pages de réflexion sur la nécessité de l’image émaillent ce trop bref roman. L’auteur (Il se passe quelque chose, NB juin 2017) les écrit au rythme poignant de l’office des morts, murmuré par les survivants éplorés de cet immense gâchis. (A.Lec. et B.T.)