Une femme, une maîtresse, une course folle en voiture pour arriver à temps chez lui, et au détour d’un village, le drame : Jean-Gui, journaliste dans une petite ville de province, heurte mortellement un enfant. Affolé, il prend la fuite. La victime est le fils de son patron, qui le charge de faire le reportage. Entre l’angoisse d’être découvert et les remords, Jean-Gui peine à rassembler ses idées, d’autant que sa maîtresse enquête pour le journal concurrent.
Les événements se déroulent au début des années soixante-dix, dans une région où la modernité s’installe doucement, sous la forme d’une autoroute enfin achevée, mais où les rêves de carrière sont à Paris. Entre chauffards et bistrot, le quotidien d’une petite rédaction de province n’est pas trépidant. L’écriture énergique, hachée, directe, inclut des bribes de langage familier, de parler populaire ; parfois lourde, elle sait se faire empathique pour exprimer la décomposition progressive d’un Jean-Gui rongé par son acte. Malgré le coup de théâtre final, ce roman laisse l’impression d’un téléfilm déjà vu, regardé distraitement et vite oublié. Après l’excellent Le dîner du commandant (N.B. octobre 2006), un accident de parcours pour Jean Cavé.