Acharnement

LARNAUDIE Mathieu

Familier des ors de la RĂ©publique et de l’élite politique française, MĂŒller Ă©crivait les discours d’un ministre. La chute de ce dernier a entraĂźnĂ© sa disgrĂące. RetirĂ© dans une propriĂ©tĂ© rurale isolĂ©e, il fignole dĂ©sormais des allocutions qu’il dĂ©clame avant de les jeter, tandis qu’un homme de main entretient Ă  la perfection le parc surplombĂ© d’un viaduc. HĂ©las, cet ouvrage est bientĂŽt utilisĂ© pour des sauts Ă  l’élastique et pire, comme plate-forme pour dĂ©sespĂ©rĂ©s : quelques corps sont retrouvĂ©s dans le jardin, les gendarmes se dĂ©placent, les familles des suicidĂ©s apportent des fleurs, l’homme de main dĂ©prime. La tĂ©lĂ©vision et ses films noirs, les verres de chartreuse, les essais d’écriture continuent cependant de meubler la trĂšs morne existence de l’ancien scribe qui ressasse ses souvenirs. Satire cynique du monde gouvernemental, de ses combines, de ses dĂ©marches Ă©lectorales, l’ouvrage de Mathieu Larnaudie (Strangulation, NB mai 2008) dĂ©taille avec un humour meurtrier les agissements des hommes publics, s’amuse des interventions des gendarmes. Plus que les railleries acerbes et toujours nĂ©gatives, le style de la philippique retient l’attention. De longues phrases nourries de rhĂ©torique, un vocabulaire d’une prĂ©cision clinique servent un rĂ©cit parfois rĂ©pĂ©titif, jusqu’à une conclusion que d’aucuns pourront juger prĂ©visible.