En Allemagne de l’Est, Adam, tailleur apprécié des dames et photographe de modes, vit avec Évelyne, serveuse de restaurant. Celle-ci le surprend succombant aux charmes d’une de ses clientes. Furieuse, elle part en vacances, en voiture avec un couple ami. Adam les suit dans une longue poursuite qui les mène finalement en Hongrie au moment où ce pays ouvre sa frontière occidentale. La tentation est grande de cueillir le fruit jusqu’alors défendu : partir à l’Ouest.
L’auteur situe son récit de l’été 1989 au lendemain de la chute du mur de Berlin. Indépendamment de leur brouille initiale et de leurs émois et transgressions subséquentes, Adam et Évelyne n’en finissent pas de s’interroger sur leur avenir : Est ? Ouest ? Adam a la nostalgie de l’Est où il bénéficie d’une reconnaissance sociale. Évelyne de douze ans sa cadette est plus éprise de liberté, mais comprend la perplexité douloureuse d’Adam devant un Occident où triomphe le prêt-à-porter. Faut-il voir dans ce roman aux dialogues parfois saccadés une résurgence du mythe biblique du « paradis perdu » ? L’oeuvre est originale et s’attache à décrire de façon souvent cocasse les menus faits de la vie quotidienne comme 33 moments de bonheur : extraordinaires aventures des Allemands à Piter (NB mai 2001). Elle illustre bien les conséquences sociologiques et sentimentales de la disparition du « Rideau de fer ».