Dans un village, Ă fin de la premiĂšre guerre mondiale, Adelphe, le pasteur, vit entourĂ© de sa communautĂ© et⊠de sa gouvernante. Pasteur par tradition familiale plus que par conviction, il se dĂ©crit comme « un homme entre deux eaux au tempĂ©rament flottant ». Jusquâau jour oĂč une paroissienne lui offre un exemplaire du Goncourt de lâannĂ©e, NĂȘne, que le cercle de la paroisse lit avec curiositĂ©, perplexitĂ©, gourmandise ou ⊠mĂ©fiance.
La littĂ©rature comme rĂ©vĂ©lateur de lâexistence de chacun, semant le dĂ©sordre ou un nouvel ordre, quelle bonne idĂ©e ! Isabelle Flaten sâappuie ici sur NĂȘne, le prix Goncourt 1920 dâErnest Perochon, pour une Ă©tude tendre et amusĂ©e de la mĂ©tamorphose de la sociĂ©tĂ© française. La guerre a fait bouger les lignes patriarcales et reconsidĂ©rer la place de la femme dans la sociĂ©tĂ©. Les trois parties du roman font vivre les questionnements des personnages, hommes et femmes, laĂŻcs et hommes d’Ăglise, confrontĂ©s Ă des changements dans les moeurs qui les troublent. Comment ne pas voir le parallĂšle avec notre temps et ses frilositĂ©s ! Autour dâune intrigue Ă rebondissements, la narration Ă©lĂ©gante et fluide prend son temps, peut-ĂȘtre trop dans la partie centrale, pour retrouver au dĂ©nouement une derniĂšre accĂ©lĂ©ration et un ultime dĂ©fi aux convenances. (E.M. et C.B.)