Adieu fantômes

Ida, qui vit à Rome avec son mari, retourne à Messine, à la demande de sa mère, afin de trier ses affaires avant la vente de l’appartement de son enfance. Elle reste très marquée par la disparition inexpliquée de son père quand elle avait treize ans. Cauchemars, insomnies, « apparitions » traumatisantes de son père, disputes fréquentes avec sa mère ponctuent son séjour.  Dans ce deuxième roman, Nadia Terranova (Les années à rebours, HdN octobre 2016) décrit une jeune femme, poursuivie depuis vingt-trois ans par l’ombre d’un père attachant mais dépressif, qui vit une jeunesse solitaire et marginale. Ce « deuil sans cadavre » continue à culpabiliser la mère et la fille. L’appartement dans lequel elles ont vécu prend l’eau comme leur propre vie. L’une travaillait au musée de Messine qui n’intéresse pas grand monde, l’autre raconte à la radio de « fausses histoires vraies ». Les rapports agressifs entre les deux femmes vont doucement s’apaiser et la narratrice jette symboliquement à la mer la boîte qui contenait quelques rares souvenirs de l’absent. Elle pourra revivre, enfin débarrassée du poids qui l’accablait. Un livre tout de finesse et de sensibilité. (B.D. et M.S.-A.)