Adieu la chair

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Dans Here, petite ville qui pourrait être située n’importe où en France, six adolescents traînent leur mal de vivre et leur ennui le samedi soir. Malt, Aberdeen, Bianke, Ingo de Ring, Coeur-coupant et Anjélina la narratrice sont inséparables ; les surnoms qu’ils se sont donnés sont leur nouvelle identité, leur famille n’ayant plus aucune réalité. Quand Ingo un soir assassine gratuitement un passant, ils décident tous de tuer des anonymes et de les dévaliser pour se constituer un trésor de guerre. Impunis, ils passent leurs premières semaines de vacances dans une chambre d’hôtel, dérivant de rencontres fugitives en amours sans lendemain, puis partent en train vers l’est pour échouer à Budapest. Au fil des semaines, leur bande se défait, Anjelina reste seule et se reconstruit lentement.

Terrifiant et fascinant parcours, sans aucun recul, dans l’absence de futur d’un groupe d’adolescents qui méprisent leur propre corps et celui des autres, exécutant des passants qui ne leur sont rien, punissant leur chair par des amours brutales, la privation de nourriture ou l’alcool. Cette chronique au jour le jour, écrite à la première personne, peut toucher des jeunes par la beauté de son écriture et la fascination pour ce « no futur », que certains ressentent. Mais ce texte demande de la maturité, pour éviter que la fascination ne devienne un modèle à suivre.