Le jour où le narrateur rencontre L, séduisante jeune femme de vingt-cinq ans, il ne se doute pas des pouvoirs destructeurs qui le menacent. Lorsqu’il l’épouse, sous l’emprise d’une irrépressible passion, il croit la sauver de ses démons, qui pourtant ne font que se déchaîner lorsqu’elle va devenir mère de leur enfant. Et la descente aux enfers continue, d’année en année, car L. est une psychotique bipolaire. « L’adoration est une anamorphose mortifère de l’amour » affirme le narrateur dans ce roman en forme d’autofiction qui dissèque les manifestations pathologiques de la bipolarité et leurs répercussions perverses sur l’adorateur devenu proie. Le récit, qui utilise de nombreuses références littéraires et artistiques, est conduit autour de la métaphore d’un camion fou lancé à pleine vitesse sur ses victimes pour évoquer les affres de l’amour destructeur qui enferme celui qui l’éprouve dans une forme de syndrome de Stockholm lui interdisant toute issue. Malgré la noirceur du tableau, l’auteur parvient à restituer aux deux protagonistes leur part d’humanité, en évitant le piège du cas d’école. L’écriture est fine, n’échappant pas toujours à un certain maniérisme, mais l’empathie pour les personnages l’emporte. (M.M. et B.T.)
Adoration
LÉVY Jimmy