Emmanuel Wynne, quatrième fortune du pays, est enlevé à la sortie d’un dîner entre entrepreneurs milliardaires. Lorsqu’il émerge du coma, il est nu, enchaîné dans un cul-de-basse-fosse. Son geôlier tortionnaire masqué ne lui laisse pas d’espoir : aucune rançon ne sera demandée pour sa libération, mais il devra se soumettre à une série d’épreuves sans en connaître l’enjeu et se plier à un drôle de jeu de rôle. C’est le premier roman de Renaud Cerqueux après plusieurs scénarios pour bande dessinée et des nouvelles (Un peu plus bas vers la terre, NB mars 2016). Un roman noir et sarcastique, militant, mais désabusé devant l’échec inéluctable des tentatives pour renverser le néo-libéralisme. La fable du grand patron sans scrupules, séquestré pour apprendre à vivre comme un employé aliéné par son travail, est édifiante. L’auteur ne cherche ni la profondeur psychologique, ni à créer de l’empathie pour son héros malmené mais jamais à bout de ressources. Le ton satirique et cauchemardesque se maintient jusqu’au rebondissement final très peu moral, grâce à un sens de la formule percutante. Un huis clos original, farce et glaçant. (T.R. et A.Be.)
Afin que rien ne change
CERQUEUX Renaud