On lui a encore demandé d’où il venait. La faute aux autres, à sa couleur de peau qui trahit un ailleurs ? En tout cas, la fois de trop car il a laissé la rage le déborder au point de s’emporter contre la seule qui l’accepte comme il est mais qui ne semble pas comprendre le coeur de sa révolte. Alors, il laisse les mots dévoiler l’intensité de son aigreur restée trop longtemps en travers de la gorge, de ses doutes et de sa vulnérabilité. Une adresse à cette autre dont il attend désespérément qu’elle lui tende de nouveau la main. Dès les premières lignes, transparaît l’urgence des mots et des maux qui semblent sortir à la volée. Se déploie une parole plurielle, tour à tour en colère, paniquée, vulnérable qui trahit la violence ressentie par un jeune Français issu de l’immigration, constamment rappelé, réduit à ses origines. Une écriture incisive, rythmée comme une partition musicale composée à partir d’une respiration haletante. Un cri du coeur percutant sur l’identité des jeunes Français de l’immigration, piégés à leurs dépens dans le regard des autres. (P.E. et C.B.)
Aigre-doux
N'SONDÉ Wilfried