Souvent dans les Vosges, au coeur de l’hiver, dans des maisons ou des fermes isolées, se jouent des drames intimes, parfois sanglants. Si certains êtres frustes se laissent dominer par leurs pulsions ou leur hargne jusqu’au crime (Le meurtre de Zan), il en est d’autres, plus sensibles, qui assistent impuissants à la lutte d’un ami contre le cancer (Ailleurs sous zéro). Dans ce recueil de treize nouvelles noires, Pierre Pelot (Braves gens du Purgatoire, HdN janvier 2019) fait surgir une galerie de personnages ravagés par l’alcool ou cabossés par la vie, dressant des portraits d’un réalisme saisissant, avec la truculence d’un Céline. En arrière-plan le monde moderne, toujours inquiétant et menteur, impose ses lois, comme ces quelques figures de nantis sans égard pour les laissés-pour-compte ou les immigrés. La critique sociale et politique s’élargit quand certains narrateurs s’interrogent sur le désordre du monde et les menaces climatiques et apocalyptiques. La tentation de la violence mine et détruit des hommes sans repères, comme pris dans la neige et la glace d’un monde hostile. Un recueil féroce et désenchanté, à l’écriture inventive et efficace comme des uppercuts, mais dont la noirceur systématique peut aussi lasser. (A.K. et A.Le.)
Ailleurs sous zéro
PELOT Pierre