L’embryon qu’elle vient de perdre ne mesurait que sept millimètres. Elle a eu le temps de sentir la joie monter en elle à l’idée d’être mère, d’éprouver encore une fois le poids de l’enfant qui s’installe. Elle a voulu y croire encore, ne plus penser à l’échec qu’elle avait subi il n’y a même pas un an, à l’immense chagrin qui avait suivi cette perte. Immédiatement, un prénom s’était imposé à elle : Aimé. Mais voilà, tout est consommé, il n’y a plus que l’écriture qui l’ancrera dans la vie.
Une femme écrit les mots de la douleur pour que se grave en trace indélébile l’objet de la perte, l’espoir d’une vie à jamais effacée. L’expérience n’est pas unique, elle peut toucher bien des femmes. Dominique Sigaud-Rouff, auteure de The Dark Side of the Moon (N.B. août-sept. 2004), sait particulièrement bien la dire.