Elles sont madrilènes ou sahraouies, étudiantes ou prostituées, mères ou filles, femmes. Elles ont en commun leur père ou leur mari, quelques hommes, comme miroirs éphémères de leurs frustrations. Du marivaudage huppé à la fatigue des trottoirs, des amours saphistes à l’inceste, l’important, ici, n’est pas l’amour, mais sa représentation. Chaque histoire racontée est un témoignage dans lequel, chaque fois, quelque chose envenime l’espace et l’atmosphère.
Lucía Etxebarría ne reste pas en surface, mais plonge dans l’abîme féminin, ce territoire ancré entre inertie et culpabilité. Essayer d’oublier pour survivre, partir pour réapprendre à vivre, sauver les apparences au prix fort, c’est le lot de chacune de ces femmes. Il y a quelque chose dans ces histoires, parfois crues, un terreau pour l’avenir, une mise au point pour rappeler que les femmes sont encore fragiles, encore violées, et qu’elles malmènent parfois le sentiment amoureux, le leur et celui de leurs proches. Lucía Etxebarría ose un livre faussement léger, un livre de femme pour les femmes, après De l’amour et autres mensonges (N.B. mai 2003).