Ainadamar : la fontaine aux larmes

MESTRE Serge

ÂgĂ© de seulement trente-huit ans, Federico Garcia Lorca est fusillĂ© en 1936, au lieu-dit Ainadamar (Fontaine des larmes), prĂšs de Grenade, par un groupe de rebelles nationalistes. Trois autres hommes partagent son sort, deux banderilleros anarchistes et un instituteur. Jusqu’à cette issue tragique, tous quatre se sont frayĂ© des itinĂ©raires bien diffĂ©rents en ces temps socialement et politiquement troublĂ©s qui prĂ©cĂ©dent la guerre civile espagnole. Seules les rapprochent la proximitĂ© gĂ©ographique et leurs convictions rĂ©publicaines. C’est l’histoire de ces quatre destins qui est reconstituĂ©e ici sur le mode romanesque. À travers la rĂ©invention des derniĂšres annĂ©es du jeune poĂšte et celle, imaginaire, des trois inconnus happĂ©s dans le mĂȘme inexorable engrenage de l’horreur, l’auteur (Les plages du silence, NB juillet-aoĂ»t 2013), fils d’émigrĂ© espagnol, revient pour la troisiĂšme fois sur le sujet. Sa plume talentueuse et imagĂ©e tente de reconstituer leurs parcours broyĂ©s par touches rageuses et contrastĂ©es. Mais si la qualitĂ© d’écriture se remarque, elle n’arrive pas Ă  convaincre. Trop rapide, Ă©parpillĂ©e entre deux mondes hĂ©tĂ©rogĂšnes, celui du poĂšte et celui de l’anarcho-syndicalisme paysan, elle ne fait qu’effleurer un sujet rebattu, sans parvenir Ă  le renouveler. (A.Lec. et L.K.)