Aïzan, jeune réfugiée tchétchène, est dotée d’une imagination dévorante. Elle s’est inventé une soeur imaginaire, Ariane, qui l’aide à porter sa solitude d’enfant sans père, le silence de sa mère, sa méfiance des autres. Découvrant, en classe de sixième, la mythologie, l’histoire de Thésée et Ariane devient son fil conducteur pour comprendre sa vie : le Minotaure peut être vaincu ; une plume, blanche comme le voile – signe de victoire pour Thésée – fera sûrement revenir son Kévin-Thésée.
Le mythe est bien exploité, malgré une transposition superflue sur sa mère qui rencontrera peut-être un Dionysos pour l’aimer à nouveau. Ce bref récit ne cherche pas à décrire la réalité quotidienne des émigrés. Il propose un autre chemin avec le portrait d’une fillette sauvée par la rencontre de la culture, en évoquant les relations qu’Aïzan commence à entretenir avec les gens de son quartier. Cette approche littéraire et poétique est émouvante pour un adolescent isolé pour qui la lecture, pratiquée avec aisance, est déjà une évasion.