Albert et l’argent du beurre

Un auteur « à l’assaut d’une œuvre d’envergure », c’est tout un programme… qu’un imprévu de taille va bouleverser : ses personnages ne s’en laissent pas conter ! Manon, par exemple, décide à l’improviste de changer de prénom, préférant Sophie puis Coraya ; Albert et Bruce, ses deux protagonistes principaux, échappent de même à leur créateur qui les a enfermés tous trois, à l’aube d’une intrigue prometteuse, dans une vaste demeure au-dessus de Nice. Albert, le factotum, passe son temps libre à tricoter une chaussette qui s’allonge, s’allonge ; Bruce, le séducteur, vise le championnat du monde de mots croisés à genoux ! L’auteur a bien du mal à les cantonner au déroulé de son projet…

Un roman pour rire ! En amont, bien sûr, les Personnages en quête d’auteur  de Pirandello ou La rose pourpre du Caire de Woody Allen : le thème n’est pas nouveau. L’intérêt est dans son traitement : le propos est moins de réfléchir au fantasme littéraire de l’autonomie du personnage que d’en faire le ressort d’une intrigue à rebondissements fantaisistes. À se moquer du sérieux de la gent littéraire, autant en rajouter : Laurent Rivelaygue ose la plaisanterie potache, la provocation grivoise, l’irrévérence sur fond d’absurdité et au mépris sans retenue de la bien-pensance. Cela peut agacer ou amuser. (C.B. et M-T.D)