Juif et titi parisien, Alex a gravĂ© dans sa mĂ©moire tous les Ă©vĂ©nements vus et subis depuis les annĂ©es 1930, la misĂšre et la fraternitĂ© du quartier de la rue des Rosiers dans le Marais, lâirruption de la guerre, les errances quâelle a imposĂ©es, la brutalitĂ© bestiale des nazis, les camps, la disparition des ĂȘtres chers. Tout y est avec, en plus, une passion pour le cinĂ©ma. Alex sây rĂ©fugie pour bĂątir son univers de rĂ©fĂ©rence, alors que tardivement la justice fait son devoir et lâappelle Ă tenir son rĂŽle, celui de tĂ©moin. HĂ©lĂšne Waysbord (Lâamour sans visage, NB juillet-aoĂ»t 2013) nous entraĂźne dans un rĂ©cit aux multiples intervenants : Alex, sa mĂšre, lâauteur elle-mĂȘme, Serge Klarsfeld et bien dâautres sây partagent la vedette. Pour qualifier les difficultĂ©s de la vie Ă lâĂ©poque, puis les horreurs de la guerre, avant les lenteurs de la justice, elle trouve des mots, des images, des tĂ©moignages qui se complĂštent et expriment magnifiquement et sobrement ce que lâon ne connaĂźt que trop bien. Elle y ajoute ce symbole : Alex devenant le porte-drapeau des victimes, alors quâil est la mĂ©moire vivante des Ă©preuves traversĂ©es. Un livre Ă©mouvant.
Alex ou le porte-drapeau
WAYSBORD HĂ©lĂšne