Dans son trajet pour le tribunal, Alexandre Jacob pense à son plan d’évasion et revit sa carrière d’anarchiste cambrioleur. Jeune mousse sur un paquebot, il côtoyait sur le pont des bourgeoises, en quête de gigolo et, dans la cale, les esclaves et les bagnards. De quoi lui faire comprendre ce que signifiait l’exploitation de l’homme par l’homme. À Marseille, il s’intègre au milieu anarchiste en commençant par lancer des bombes dans les églises. Après quelques arrestations et séjours en prison, il s’organise, s’entoure de complices et affûte ses méthodes. En force ou en douceur, l’équipe multiplie les cambriolages, en choisissant ses cibles. Ils ne s’attaquent jamais aux médecins ni aux artistes. Bien qu’épais, cet ouvrage réveille toujours l’attention en variant les époques et les formes du récit. La restitution du procès final, qui conduira Alexandre au bagne de Saint-Martin-de-Ré, avant de lui faire connaître les chauds rivages de la Guyane, autorise des retours en arrière, multipliant les anecdotes au fil de la lecture de l’acte d’accusation. Un dessin vif et tout entier en nuances de gris évoque avec une certaine empathie et pas mal d’humour le curieux destin de celui qui fut peut-être l’inspirateur de Maurice Leblanc pour son gentleman cambrioleur. (P.P. et A.R.)
Alexandre Jacob. Journal d’un anarchiste cambrioleur
HENRY Vincent, HENRY Gaël