Singulier destin de cet homme écartelé entre journalisme et politique : fondateur du journal La Montagne, premier député socialiste du Puy-de-Dôme (1906), maire de Saint-Éloy-les-Mines, gouverneur général de l’Indochine (1925-1928), battu aux législatives de 1936, réélu aux deux Assemblées constituantes de 1946 et finalement ministre d’État, mais demeurant, contre vents et marées, journaliste. Cette biographie d’un homme né à l’aube de la IIIe République (1870) et disparu à la naissance de la IVe (1947), survole les événements de six décennies : affaire Dreyfus, séparation de l’Église et de l’État, premier conflit mondial, congrès de Tours, cartel des gauches, Indochine, Front populaire, seconde guerre mondiale, Libération… et ses lendemains. En toutes circonstances transparaît la puissante personnalité d’Alexandre Varenne, admirateur de Jaurès, libre-penseur, franc-maçon, anticapitaliste, mais homme d’ordre et d’autorité, aussi indépendant à l’égard de son parti, la SFIO, que de Vichy. L’auteur, actuel président du groupe La Montagne, a sorti de l’ombre un personnage méconnu, dans une relation, certes hagiographique, mais ressuscitant bien l’atmosphère des différentes époques. L’ensemble eut, cependant, gagné à plus de rigueur de structure et de style.
Alexandre Varenne : une passion républicaine
CAILLARD Jean-Pierre