Cinquante ans après les accords d’Évian et la proclamation de l’indépendance algérienne, Frédéric Pons se livre à un examen détaillé des résultats de la guerre de libération (1954-1962). Terre potentiellement comblée (richesses naturelles, agricoles, culturelles, démographiques), ce « géant qui s’ignore » est loin d’utiliser toutes ces possibilités pour moderniser l’État. Pourquoi ? En cause : reliquat idéologique du conflit avec la France, colonisatrice bienfaisante et maudite, archives et statistiques biaisées qui faussent les décisions, oppositions linguistiques, politiques et religieuses, corruption d’une caste militaro-affairiste, violences, chômage. La chronologie des événements qui ont creusé cette quasi-faillite, notamment la crise des années noires de 1990, est révélatrice et n’entrouvre la porte qu’à un espoir hypothétique. Ancien casque bleu au Liban, professeur à Saint-Cyr, journaliste, romancier aussi (Passeurs de nuit, NB août-septembre 2006), l’auteur établit cet « état des lieux » à partir de ses observations – enquête aux multiples aspects minutieusement décrits –, illustrées de nombreuses citations de la presse algérienne et de réflexions de quelques penseurs indépendants. Dans un style journalistique, thèmes de réflexion et évolution dans le temps se croisent. L’emploi fréquent de sigles et l’absence d’une cartographie éclairante freinent la lecture, mais en annexe figurent glossaire, repère chronologique et bibliographie.
Algérie le vrai état des lieux
PONS Frédéric