À 26 ans, elle vient de se faire larguer par son chum. Fucking Fabrice, fucking Laure qu’elle voue aux mille souffrances de l’enfer ! De Montréal au Puy-en-Velay, il n’y a eu qu’un saut puisque, sur un coup de tête, Alice va marcher sur Fabrice… jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle. Une thérapie de choc !
Le ton est donné de ce journal de bord hors du commun où la marcheuse commente avec une verve réjouissante les temps forts de la « route » : « le pot du pèlerin » dont on retiendra le mot de ralliement : Ultreïa ! la visite commentée de l’abbatiale de Conques, et autres moments d’anthologie inoubliables. Les rencontres dans les auberges d’étape et les liens qui se créent au fil de kilomètres et d’ampoules partagés hésitent entre tendresse et moquerie rageuse avec un même à propos. « La route » est bien l’objet de ce récit, jusqu’à son terme joliment empreint d’émotion. Et surtout, ce court roman a la saveur particulière d’une langue audacieusement métissée : du français certes mais truffé d’idiomes québécois et qui a l’insolence d’inclure, dans le feu des conversations, des répliques en anglais quand le locuteur ne parle rien d’autre. Nous voilà servis en matière d’authenticité ! Nous voilà ravis par un talent aussi tonique : Ultreïa ! Le roman était paru en 2018 aux Éditions de ta mère. (C.B et M.T.D)