Basile Far consacre son temps Ă fureter dans ce petit village, devant les maisons terrĂ©es derriĂšre leurs clĂŽtures, Ă travers la campagne, solitaire. Lui, un colosse Ă la tĂȘte ronde et poupine, qui se dit dĂ©tective, qui ne rĂ©pond que par des pirouettes aux questions des gens du coin, que vient-il chercher ? « Il sait oĂč il va mais a besoin de lâerrance pour y aller », dit-il. Est-il en quĂȘte de souvenirs fugaces, de photos changeantes, de ressemblances vagues, dâun frĂšre jumeau ? Les seuls souvenirs persistants sont-ils ceux offerts par un bon film ? Comment faire la diffĂ©rence entre cette musique intĂ©rieure de mĂ©lomane, et celle du monde qui lâentoure et fait jaillir en lui toutes ces rĂ©miniscences de son enfanceâŠ. Trouvera-t-il?
On ne peut sâempĂȘcher dâĂȘtre Ă©mu par ce personnage fantasque en quĂȘte du trĂ©fonds de lui-mĂȘme, et d’ĂȘtre admiratif de lâart de Bezian qui sait accompagner avec dĂ©licatesse et humour son cheminement vers les souvenirs et vers lâĂ©tat adulte. Une habile variation entre couleur et noir et blanc exprime lâĂ©volution de Basile, un crayonnĂ© tout en nuances dĂ©crit le village et ses habitants, et un texte poĂ©tique dâune grande beautĂ© y associe ses secrĂštes pensĂ©es. Magnifique.