Aller-retour

BÉZIAN Frédéric

Basile Far consacre son temps à fureter dans ce petit village, devant les maisons terrées derrière leurs clôtures, à travers la campagne, solitaire. Lui, un colosse à la tête ronde et poupine, qui se dit détective, qui ne répond que par des pirouettes aux questions des gens du coin, que vient-il chercher ? « Il sait où il va mais a besoin de l’errance pour y aller », dit-il. Est-il en quête de souvenirs fugaces, de photos changeantes, de ressemblances vagues, d’un frère jumeau ? Les seuls souvenirs persistants sont-ils ceux offerts par un bon film ? Comment faire la différence entre cette musique intérieure de mélomane, et celle du monde qui l’entoure et fait jaillir en lui toutes ces réminiscences de son enfance…. Trouvera-t-il?

On ne peut s’empêcher d’être ému par ce personnage fantasque en quête du tréfonds de lui-même, et d’être admiratif de l’art de Bezian qui sait accompagner avec délicatesse et humour son cheminement vers les souvenirs et vers l’état adulte. Une habile variation entre couleur et noir et blanc exprime l’évolution de Basile, un crayonné tout en nuances décrit le village et ses habitants, et un texte poétique d’une grande beauté y associe ses secrètes pensées. Magnifique.