Alphonse.

TADJER Akli

Il a onze ans, Mohamed, il habite Paris. Son pĂšre l’envoie en vacances chez un oncle dans le Nord. Le voilĂ  transportĂ© dans une famille inconnue et dĂ©routante. ExceptĂ© l’oncle, AlgĂ©rien trĂšs discret, les autres parlent un “chtimi” quasi incomprĂ©hensible, on sert du porc Ă  table, on va Ă  la messe le dimanche et, comme en 1964, Ă  Lens, les “Mohamed” ne sont pas trop bien vus, mĂȘme par les beurs, la cousine Juliette le rebaptise Alphonse. Yeux Ă©carquillĂ©s, oreilles grandes ouvertes, Alphonse regarde, Ă©coute, compare, juge. Quarante ans plus tard, assis au cafĂ© Terminus Nord Ă  Paris, il attend Juliette et se remĂ©more les Ă©vĂ©nements dramatiques, tendres ou cruels, qu’il a vĂ©cus ce fameux Ă©tĂ© 1964 : accueil mitigĂ©, agressivitĂ© de certains blousons noirs, premiers Ă©mois amoureux.  L’auteur analyse trĂšs finement les rĂ©actions de l’enfant face aux adultes et son trouble en regardant vivre ses cousins beurs et leur bande d’amis. Alphonse-Mohamed est aussi dĂ©lurĂ©, drĂŽle et perspicace qu’Omar, le hĂ©ros de Le Porteur de cartable (Livre du Mois, NB juin 2002), mais le sujet de ce roman est un peu moins intĂ©ressant.