Amarillo (Blacksad ; 5)

CANALES Juan Diaz, GUARNIDO Juanjo

CinquiĂšme tome de cette sĂ©rie Ă  succĂšs, Amarillo diffĂšre du tome prĂ©cĂ©dent, trĂšs sombre, et par l’ambiance et par la couleur. Sorte de BD-movie cette comĂ©die de moeurs zoomorphe aux portraits aiguĂ«s dĂ©crit avec succĂšs le monde policier des annĂ©es cinquante.

ArrivĂ© Ă  la nouvelle OrlĂ©ans, Black Sad dĂ©cide de trouver un endroit et un boulot tranquilles sans violence. Mais reconduire une voiture chez son propriĂ©taire contre rĂ©tribution ne s’avĂšre pas ĂȘtre une activitĂ© si facile. Car deux beatniks Ă©crivains, Chad et Abe, lui volent la voiture et s’élancent vers Amarillo. Une dispute entre eux tourne mal, Chad tue son ami, s’enfuit et se rĂ©fugie dans un cirque oĂč il rencontre Luanne, une jolie petite chatte alias Eva Lange. Mais la vie n’y est pas si simple. Black Sad n’abandonne jamais et se lance Ă  sa poursuite. Une longue route l’attend Ă  travers les terres amĂ©ricaines, Colorado, Texas, Nouveau Mexique.

AprĂšs une attente de trois ans, le tome cinq de cette sĂ©rie dont chaque titre peut se lire sĂ©parĂ©ment, paraĂźt enfin ! Evidemment l’ambiance diffĂšre, comme la couleur de l’album : le prĂ©cĂ©dent baignait dans le bleu sombre, dans l’enfer ; celui-ci rayonne de soleil, de chaleur, de jaune, d’amarillo. De mĂȘme, John Black Sad, son Ă©lĂ©gance et sa classe, partage maintenant la vedette avec les hĂ©ros secondaires qui s’emparent du fameux vĂ©hicule amarillo lui aussi. Ces deux beatniks, paumĂ©s, tracent leur route Ă  travers l’AmĂ©rique, sur cette «road 66», bien connue, que chante Dylan, Nat King Cole et d’autres, qui rappelle l’ambiance hollywoodienne des films Wild one de Laszlo Benedek (1953) ou Greastest show on Earth de Cecil B. DeMille (1952). Ce rĂ©cit devient une BD-movie Ă  l’image des road-movies Ă©crits et cĂ©lĂ©brĂ©s par Jack Kerouac dans son livre Sur la route (1957). Le rouleau, ce fameux roman postĂ© dans cette boite aux lettres jaune, n’est-il pas celui que Jack Kerouac Ă©crivit en collant les feuilles de papier bout Ă  bout ? BaignĂ© d’airs de jazz et blues, cet album crĂ©e une empathie nostalgique chez son lecteur Ă  travers la description du monde policier des annĂ©es cinquante. ComĂ©die de moeurs zoomorphe, les animaux y sont humanisĂ©s par la peinture aiguĂ« et prĂ©cise de l’expression des personnages et une Ă©tude trĂšs rĂ©ussie des moeurs de l’époque si facilement transposable dans la nĂŽtre. Cette bonne BD conjugue avec une rĂ©elle rĂ©ussite le scĂ©nario et le graphisme.