Le cirque Binewski est spécialisé dans les phénomènes. Mais quand le dernier quitte le chapiteau, le père Al et sa ravissante épouse Lil se disent qu’il sera plus simple de faire des monstres que d’en recruter. À chaque grossesse, à grand renfort de drogues et d’irradiations, Lil augmente la troupe de personnages de foire. Quarante ans plus tard, Oly, leur troisième fille, naine albinos et bossue, raconte l’histoire de cette famille atypique. Elle vit dans la pension de famille que tient sa mère, Lil, qui ne la reconnaît pas, et à un étage inférieur à celui de sa fille Miranda, qui ne l’a pas connue. Avec cet ouvrage enfin traduit en français vingt-sept ans après sa parution, Katherine Dunn pose le problème de la normalité et de l’anormalité, de la différence et de l’indifférence. Mêlant horreur et romantisme, poésie et obscénité, l’auteur aujourd’hui décédée écrit d’une plume délicate et cruelle un roman-fleuve qu’on a du mal à quitter. Il faut parfois avoir le coeur bien accroché, mais très vite le rire s’impose ou les larmes jaillissent. On ne peut rester indifférent à ce monument de la littérature américaine, y compris dans la dimension fantastique. (E.A. et A.-M.D.)
Amour monstre
DUNN Katherine