Ana et les ombres

Ana, future archéologue, est envoyée dans les Andes péruviennes par Philippe, son directeur de thèse et fiancé, pour convoyer les momies de deux princesses pré-Incas vers un aérodrome. Emaillé de nombreux incidents (pannes, accidents, rencontres), le voyage dans cette région inhospitalière est éprouvant pour Ana. Déjà fragilisée par un passé familial pénible, elle est hantée par ses souvenirs. N’arrivant pas à oublier Jairo, jeune archéologue péruvien qui fut son amant, elle retourne sur les lieux de son aventure.  Le narrateur n’est pas l’héroïne mais un écrivain ami de son père, à qui elle s’est confiée. Ce procédé crée un peu de distance dans un récit parfois difficile à suivre. Mêlant le malaise d’une jeune femme introvertie, sensible et irrésolue, aux esprits qui habitent ces hautes montagnes sacrées, François Emmanuel (Le sommeil de Grâce, NB juillet-août 2015), écrivain et aussi psychothérapeute, dresse-t-il le portrait d’une névrosée ? Ou s’agirait-il des effets nocifs sur l’esprit d’Ana d’une tombe profanée ? Une écriture soignée, de belles descriptions d’une nature somptueuse qui n’évitent ni la répétition ni l’emphase et une peinture de moeurs indiennes ancestrales qui sonne juste, mais trop d’atermoiements et d’introspections finissent par lasser. (M.F. et M.Bo.)