Anathèmes, blasphèmes & Cie : au-delà des caricatures

Le retour en force du religieux et ses formes de violence inédites ravivent un débat classique : au nom de quoi certains jugent-ils une attitude blasphématoire au motif qu’elle transgresse des interdits religieux qu’ils ont édictés, mais que d’autres ne partagent pas ? Croire différemment ou ne pas croire est-il redevenu dangereux ? Mais un athéisme provocateur ou une laïcité intransigeante ne sont-ils pas tout aussi attentatoires aux libertés ? On ne peut sortir de ce cercle vicieux qu’en invitant les religions à une réflexion commune permettant de trouver les fondements rationnels du nécessaire « vivre ensemble ».  Ce n’est pas en théologien mais en philosophe que Paul Clavier passe au crible une problématique vieille comme l’histoire de la pensée : sur quoi fonder ce consensus humaniste minimal tant espéré ? Sur Dieu, mais lequel ? La raison ? Le bien ? De limites en impasses, l’auteur démonte la contradiction fondamentale de tout anathème : quel que soit le principe créateur, il ne peut contenir par nature l’exclusion ou la mort donnée en son nom. Du Décalogue en passant par Platon, Kant, Voltaire ou Camus, l’analyse progresse avec des exemples pertinents et des traits d’humour surprenants sur un tel sujet. (A.Lec. et A.Le.)