Anatomie d’une nuit

KIM Anna

Groenland oriental. Amarâq est un port de pêche au bord d’un fjord, relié au reste du monde par bateau ou hélicoptère. Quelques maisons et immeubles, une végétation rare, une communauté hétéroclite de pêcheurs, chasseurs, chômeurs, jeunes, vieux. Danois et descendants d’Inuits se retrouvent pour boire et danser au Pakhuset, la discothèque locale. Une façon d’échapper au passé, au présent et d’avoir quelques heures durant le sentiment d’exister. Une nuit, comme atteintes par un virus foudroyant, onze personnes se suicident. C’est le premier ouvrage traduit en français d’une auteur d’origine coréenne, arrivée en Allemagne à deux ans ; elle a reçu le prix de littérature de l’Union européenne en 2012 pour Frozen Time. Elle a travaillé au Groenland, étudiant les rudes conditions de vie des habitants et les liens complexes avec le Danemark. Inspiré de faits réels, ce roman « déstructuré » glisse d’un personnage à l’autre et louvoie entre les époques, tendant à gommer les individualités au profit d’une communauté de destin. L’évocation poétique des paysages exprime l’essence particulière du lieu et la solitude omniprésente. Sombre et poignant, l’ouvrage livre une observation profondément sensible, dans un style qui peut dérouter, d’une population sans espoir.