Seize nouvelles, de longueur inĂ©gale, abordent lâhistoire des Inuits, et plus spĂ©cialement la vie des femmes, dont certaines voudraient se dĂ©barrasser de leur couleur de peau, pour ĂȘtre plus blanches. En pension, oĂč sont violĂ©es les petites filles dĂšs lâĂąge de 9 ans par des prĂȘtres blancs, Ă lâhospice, oĂč lâon vous relĂšgue, dans lâattente dâune mort probable, la vie pourrait ĂȘtre bien sombre, si le corps de ces femmes libres nâexultait. Dans ce pays oĂč rĂšgnent les esprits et plus particuliĂšrement celui du Caribou, les mots pour traduire leurs envies et leurs jouissances, dĂ©bordent.
Lâauteure, dont câest le premier livre, a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©e par trois prix littĂ©raires, en 2017 et en 2018 (prix Howard OâHagan). Ă Igoolik, Annie Muktuk est le stĂ©rĂ©otype de la femme libĂ©rĂ©e, belle, « provocante, offrant son corps sans restriction, ne se refusant Ă personne » dont tous les hommes tombent amoureux. Les lĂ©gendes pourraient ĂȘtre intĂ©ressantes, mais on nâapprend pas grand-chose du quotidien de ces femmes libres et Ă©mancipĂ©es si ce nâest leur fort appĂ©tit sexuel. La dichotomie caricaturale Blancs d’une part, Inuits de l’autre est d’un systĂ©matisme dĂ©nuĂ© de finesse psychologique, suscitant lâennui du lecteur. Les rĂ©cits sont entremĂȘlĂ©s de lĂ©gendes souvent violentes, voire dĂ©rangeantes, Ă©crites dans un langage trĂšs cru et souvent grossier. Les nouvelles manquent de recul et de profondeur. (J.G. et M.T.D.)