Antenora est la grand-mère de la narratrice. Nous la découvrons, d’entrée, dans son cercueil, dans les odeurs de cire, de lys et de moisi. Nous la retrouvons petite fille arrogante et obstinée, puis jeune fiancée, pendant dix ans à un « nigaud toscan ». Il l’épousera et lui donnera quatre garçons dont trois seront appelés par Mussolini à faire une guerre qui ne laissera que honte derrière elle. Enfin, âgée et paralysée, elle traîne son ennui dans une maison de retraite, avec de brefs entractes de complicité avec la petite fille qui lui ressemble. Entre temps c’est toute une famille italienne qui a retrouvé vie sous nos yeux amusés, parfois horrifiés, toujours captivés.
La notoriété que valut Écoute-moi (NB avril 2004) à son auteur permet de voir traduite sa première oeuvre, écrite en 1994, qui témoigne déjà d’une vigueur remarquable. Les portraits souvent féroces de ces aïeuls et de leurs épouses plus ou moins soumises sont délectables et celui de la grand-mère, au centre du récit, est remarquable dans sa verdeur et, malgré tout, son émotion.