Louis Catella a commencé à travailler à l’usine à treize ans et y meurt accidentellement à quarante-trois ans en 1976. Par-delà la mort, il raconte sa vie au plus jeune de ses trois fils : l’enfance difficile, la fonderie, la chaleur étouffante, l’épuisement, le manque d’argent mais aussi la fraternité, les luttes syndicales, la foi, sa femme Rose, et leurs enfants. Il continue à suivre l’évolution de la famille, puis laisse la parole à son fils cadet. Dans ce premier roman, l’auteur rappelle combien les ouvriers ont souffert pour la réussite de l’industrie jusque dans les années soixante, soixante-dix. Mais il s’agit surtout de la transmission entre un père et son fils : comment se construire malgré l’absence de celui à qui on ne peut plus se confronter pour exister différemment ? À ce père exemplaire, constamment présent dans l’éloge que font de lui famille et camarades, il faut avouer l’envie de s’affirmer, quitte à trahir la « classe ouvrière » par l’ascension sociale. Ces « monologues » à deux voix qui ne peuvent se répondre, intenses, serrés, scandent avec force et selon un point de vue très personnel le quotidien, les sentiments et les liens au sein d’une famille modeste. (B.T. et A.Le.)
Après le silence
CASTINO Didier