Après Shanghai

Dans une chambre d’hôpital où son père vient de mourir, Catherine jette un regard réaliste sur le cadavre. Très surprise, elle ne se sent pas libérée, comme elle l’espérait, par le décès de cet homme autoritaire contre lequel elle s’est tant révoltée. Le thème de la domination déjà analysé dans Le vrai mobile de l’amour (NB mars 1997) est ici très fouillé, laissant apparaître une étonnante ressemblance entre le père et la fille. Feuilletant un cahier qui lui était destiné, Catherine suit dans ses nombreuses affectations, en Asie et en Afrique, Après Shanghai, de 1929 à 1942, ce médecin militaire très consciencieux le jour et se défoulant la nuit (femmes, alcool, drogues), puis dans sa tentative pour gagner la France libre via l’Espagne.  Intéressante plongée historique dans cette période troublée où se rencontrent loin de chez eux de nombreux exilés (Russes fuyant la révolution, Juifs ayant échappé au nazisme, etc.). Sans oublier les geôles franquistes retenant les Français trahis par leurs passeurs. Des termes inattendus mais toujours judicieux donnent force à l’écriture rapide parfois poétique de ce récit original.