Alexeï et Zena ont grandi au bord de la mer d’Aral qu’ils ont vue s’assécher progressivement pour satisfaire les programmes d’irrigation du gouvernement russe. Promis l’un à l’autre dès leur naissance par leurs mères, ils ont laissé s’épanouir leurs sentiments réciproques et se sont tout naturellement mariés à la sortie de l’adolescence. Malgré une surdité précoce, Alexeï se consacre au violoncelle et à la composition artistique. Mais Zena ne supporte plus cette existence dans une région devenue hostile à l’homme et part à Paris pour son travail. Privé de ses trois passions, sa femme, la mer et la musique. Confronté à lui-même, sans aucun repère, Alexeï s’immerge, par flash-back, dans les années lumineuses de l’enfance.
Dans un paysage devenu minéral et désert, les personnages de Cécile Ladjali sont abandonnés de tous. Une ambiance crépusculaire nimbe ce roman qui traite de disparition mais aussi de reconstruction. L’écriture poétique et sophistiquée (Ordalie, NB septembre 2009), le style très personnel de l’auteur accentuent son étrangeté. Ce texte déconcertant, difficile à appréhender, entraîne dans une contrée insolite aux confins du rêve et de la réalité.