Une famille new-yorkaise recomposée roule vers le sud-ouest des États-Unis. Dans ce couple de documentaristes sonores, le père scrute les fantômes des Apaches, la mère prépare un documentaire sur les enfants réfugiés ou disparus à la frontière mexicaine. Leurs enfants, un garçon de dix ans, une fillette de cinq, écoutent, exhument les documents du coffre arrière, observent, s’interrogent et vont, douloureusement, entrer dans l’histoire. Photos (reproduites en fin de roman), références culturelles, multiples formes d’archives rendent très vivant et poétique le reportage de la mère dénonçant les problématiques de notre temps. Le projet personnel du père renvoyant à de plus anciennes expulsions, divise le couple. Plus narratif et plat, le récit du fils reflète la difficulté à se construire en ces mondes violents dont une immense phrase unique souligne la vision hallucinée. Inclassable, bouleversant, complexe dans sa construction, aux non-dits si présents, ce roman progresse lentement et raconte la terrible réalité historique actuelle et passée des États-Unis. À plusieurs voix, il expose les parcours initiatiques de chaque participant. Celui des enfants qui s’imprègne en nous, ces enfants victimes, oubliés, dont l’auteure (Raconte-moi la fin, NB juin 2018) restitue la voix et l’existence, génère une émotion littéraire intense. (A.C. et V.M.)
Archives des enfants perdus
LUISELLI Valeria