Dans la SĂ©renissime, Arlequin est la risĂ©e de tous, on se moque, on murmure : regardez ses oreilles dĂ©mesurĂ©es. Pas jolies, on ne peut le nier, mais trĂšs utiles, car le personnage est accordeur dâinstruments de musique ; et si lâun dâeux persiste Ă sonner faux, câest que lâartiste ne sait pas sâen servir. Ă lâoccasion dâune intervention sur le piano dâun riche propriĂ©taire, Arlequin entrevoit une jeune fille solitaire, silencieuse, et immobile devant son chevalet. Que faire pour briser lâimperceptible mur qui enferme la demoiselle ?
 Le sujet aurait pu ĂȘtre accrocheur sâil avait Ă©tĂ© traitĂ© avec relief et humour. Lâensemble manque d’envergure. Les illustrations pĂȘchent souvent par lâincompatibilitĂ© des plans sur une mĂȘme page. Le texte, dense, en mal de poĂ©sie, nâest pas Ă la portĂ©e des jeunes. Heureusement il y a pourtant, dans cet album, un vĂ©ritable travail sur les jeux des couleurs, les mouvements, quelques perspectives et dĂ©cors qui peuvent sĂ©duire.