Trois points d’interrogation ponctuent, dans cet album, la devise olympique : « Plus vite, plus haut, plus fort ». L’intention de l’auteur est ainsi formulée. Place ensuite aux Sportifs, ceux de Malevitch, au repos, sans visage, pétris de discipline, mais éclatants de couleurs ; ils introduisent les trois chapitres de ce parcours multisport où se côtoient des oeuvres aussi diverses que Le Discobole antique et Le boxeur inventé en 2002 par Saïtch Huyt ! La mise en page (en double page) cultive les raccourcis audacieux et le texte intelligent qui les accompagne affûte le regard et la réflexion critique : les artistes glorifient le geste et le corps dont ils saisissent la beauté, celle des canotiers ( Caillebotte) ou des gymnastes ( Brassaï) ; ils décomposent le mouvement, le fractionnent, tel Klee ou Delaunay ; mais ils dégonflent aussi, par l’humour, la vanité et le narcissisme d’une activité qui exalte l’individu dans sa démesure et flirte avec la violence. L’Athlète forain de Camille Bombois fait sourire, les boxeurs de George Bellows beaucoup moins ! La liberté de l’artiste se joue dans ce point de vue, les choix judicieux de Nicolas Martin l’expriment avec force. Une réédition bienvenue.
Art & sport
MARTIN Nicolas