Au sixième siècle, en Angleterre (qui s’appelle encore Bretagne), les Romains sont partis, laissant derrière eux un pays éclaté en de multiples royaumes, où les pillages sont monnaie courante. Arthur est un chef de bande aux origines illustres. Surnommé l’Ours, il est brutal, barbare. Myrdinn le barde, son conseiller, nourrit de grandes ambitions à son égard: il rêve de le voir réunifier le pays et chasser les Saxons. Lors d’une rapine, Myrdinn trouve une petite orpheline, Wynna, dont il utilise les dons de nageuse pour une mise en scène. Il s’attache à la petite, qu’il prend à son service, déguisée en garçon.
Philip Reeve prend un malin plaisir à démonter le mythe arturien, retrouvant ses racines historiques et transformant le noble chevalier de la Table Ronde en soudard, et Myrdinn en grand communicateur, appliqué inlassablement à tisser la légende autour d’Arthur. Il dévoile les rouages du pouvoir: comment le conquérir et le conserver. Il relate le cheminement de Wynna, observatrice privilégiée, vers l’affranchissement, porte un regard sur la société du haut Moyen-Âge, rude et incertaine, entre superstitions et christianisme balbutiant, aux frontières très marquées entre univers masculin et féminin. D’une écriture classique soignée, cette chronique des temps obscurs suit son cours, relativement tranquille, parfois monotone, mais originale, attachante et captivante, et parfois pleine d’humour. Pour bons lecteurs. [A]
M.D. et M-F.L.G.