Asphalte

ZACCAGNA Matthieu

Victor a dix-sept ans. Il se raconte dans une sorte de monologue oĂč le passĂ© alterne avec le prĂ©sent par sĂ©quences brusques comme autant d’éclats de douleur ou de cris de rĂ©volte. Un pĂšre, Louis, monstrueusement violent, une mĂšre aimante, AgnĂšs, premiĂšre victime de cet homme dont elle n’est pas parvenue Ă  protĂ©ger son fils. Le scĂ©nario est d’une atroce banalitĂ© si on exclut le raffinement pervers de Louis qui se prĂ©tend Ă©crivain et impose Ă  sa femme puis Ă  son fils la lecture d’un manuscrit oĂč il fantasme leur mort dans une quintessence de violence. Une seule issue pour l’adolescent : la fuite, une errance dans Paris, au rythme du skate-board qui mord l’asphalte, puis l’expĂ©rience de la rue, la rencontre, au bord de l’abĂźme, de Rachid, de Justine et de Kadidja


Quelle force dans ce court roman, quelle Ă©criture ! Matthieu Zaccagna invente une langue, un phrasĂ© qui halĂšte au rythme des courses folles oĂč on trompe la mort, tant on n’a rien Ă  perdre, sur les pentes les plus raides de MĂ©nilmontant ou d’ailleurs. Il invente une langue Ă  l’abri des clichĂ©s du parler-de-la-rue, aussi pittoresque que juste, que belle dans des dialogues qui sonnent vrai. La construction de ses personnages bĂ©nĂ©ficie de la rupture de la chronologie qui permet par des jeux de retours en arriĂšre l’analyse fouillĂ©e de la dĂ©molition et de la reconstruction de son hĂ©ros. Un premier roman exceptionnel. (C.B et A.M.D)        Â