Assan

MAKANINE Vladimir

Pendant le conflit russo-tchétchène, le commandant Jiline est responsable du ravitaillement en carburant des forces russes. Sans être directement affecté aux unités combattantes, il est en contact fréquent avec l’adversaire : embuscades, secours aux blessés, aux prisonniers. Il profite de sa fonction pour combiner un trafic payant pour les deux camps. L’argent est un des moteurs essentiels de ces luttes où tout s’achète, le non-paiement d’une dette étant une faute majeure. Le commandant Jiline, alias Assan, se prend de pitié pour deux soldats traumatisés mais son voeu de les sauver se heurte aux phobies de l’un d’eux. Au-delà de développements détaillés peu louangeurs sur l’organisation et le fonctionnement de l’armée russe, Vladimir Makanine (La frayeur, NB juillet-août 2009) décrit une sale guerre avec tout ce qu’elle comporte de cruautés, de trahisons, de rapports humains et hiérarchiques pourris par des rivalités dues aux personnalités des intéressés. Les faits sont présentés avec un réalisme brutal, les descriptions, propres aux récits de conflits internes, sont cliniques et les oppositions bureaucrates-combattants, civils-soldats, maquisards tchétchènes et provinciaux pro-russes, bien rendues. Une écriture prenante et sèche maintient le suspense de ce livre viril, où le rapport guerre/argent sert de fil rouge.