Dans l’Islande des années cinquante, Helga forme avec son mari un couple amoureux. La naissance de deux fillettes, l’usure du quotidien font basculer la jeune femme. Elle quitte les siens, libérant sa sensualité, sombre dans la boisson et la déprime. Sa deuxième fille, l’intellectuelle Ásta, connaît aussi un itinéraire mouvementé – d’une ferme perdue dans les fjords à la capitale autrichienne –, et une vie sentimentale et affective chaotique ; elle renie l’amour de sa nourrice et de l’homme aimé, abandonne sa propre fille… À travers le destin croisé de deux Islandaises, mère et fille, l’auteur (À la mesure de l’univers, NB mai 2017) touche en profondeur ce qui fait l’âme et l’originalité de ce peuple insulaire, isolé, clairsemé. Il se fait le chantre d’une nature très rude, aux hivers froids et noirs, aux étés courts et flamboyants, aux paysages d’une magnifique austérité qu’illuminent les aurores boréales. Ses personnages sont imprégnés de ces extrêmes, volupté exacerbée, tourmentes intérieures et suicidaires, capacité paroxystique d’aimer ou de haïr, engouement pour la poésie, la littérature ou la musique. Dans une construction complexe se dessinent de nombreux personnages d’une authenticité lumineuse. Le style, empreint de sensualité, est au diapason de ce beau gros roman sophistiqué et envoûtant. (L.K. et C.P.)
Ásta
STEFÁNSSON Jón Kalman