Une mère désemparée sollicite l’avis d’un écrivain au sujet d’un pamphlet écrit par son fils, jeune extrémiste de droite, qui s’est ensuite suicidé. Nouant une amitié avec celle-ci qu’il tente de sauver de son dégoût de vivre, l’écrivain trouve dans l’appartement du jeune homme des enregistrements d’échanges entre celui-ci et un certain Gabriel Osmonde.
Andreï Makine (L’archipel d’une autre vie, NB octobre 2016) avait écrit en 2011, sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde, un roman, Alternaissance, dont le propos était d’amener l’homme à s’affranchir des circuits pré-programmés pour accéder au détachement, grâce à une troisième naissance, dégagée de la gangue de l’aliénation biologique et sociale. Sorte de roman d’initiation sur le sens de la vie et de la condition humaine, son dernier livre est explosif. Partant du manuscrit, aux idées monstrueuses, d’un jeune raciste identitaire déplorant une France métissée et la décadence de notre monde, et confrontant trois voix – celle du narrateur, du jeune extrémiste et de son propre alias, devenu de façon parfaitement artificielle un personnage du livre – il livre un remake de ses réflexions philosophiques et sociétales. L’intérêt pour les idées développées (assez floues cependant) ne compense pas l’agacement provoqué par une construction très artificielle et laborieuse et le recours surréaliste à la métapraxie. On regrette une médiocrité inhabituelle chez Makine. (C.Go., M.-N.P. et C.R.P.)