Au-delà du lac

La plupart des dix nouvelles ont pour cadre les bords du lac de Constance que l’écrivain suisse connaît bien et les héros en sont presque toujours des couples qui se forment, se brisent ou traversent une crise. Chez Peter Stamm, les relations amoureuses ne sont jamais sereines ; dans Sept ans (NB avril 2010) elles étaient affreusement grinçantes. Dans ces récits, les amours débutantes ont quelque chose de fragile, les ménages établis vacillent, le temps, la fuite ou la mort sèment le désarroi ; la solitude, la nature, jouent un rôle essentiel et ambigu. L’écriture bascule parfois dans le fantastique glacé, comme dans « les Estivants », « Janus » ou « Dans la forêt », et l’auteur, facétieusement, intervient dans le destin des personnages de « Sweet Dreams ». Cependant tout se passe sans éclats, avec une grande retenue, et aussi une inexorable fatalité. La plume de Peter Stamm est d’une économie remarquable, et distille, dans cette chronique de l’amour ordinaire, une sorte de subtile magie.