Au grand lavoir

DAULL Sophie

Une romancière, confrontée à un double deuil douloureux, choisit d’écrire ce qu’elle a vécu et de participer à une émission littéraire pour en parler. Sa mère a été sauvagement violée et assassinée une vingtaine d’années plus tôt et il lui arrive de penser au parcours du meurtrier, alors même qu’elle ne connaît ni haine ni désir de vengeance. Elle lui donne la parole, en alternance avec sa propre histoire.   Sophie Daull s’appuie sur les deux tragédies personnelles qui ont marqué sa vie, la perte d’une mère et d’une fille, évoquées dans deux romans autobiographiques : Camille, mon envolée (NB décembre 2015) et La suture (NB novembre 2016). Elle poursuit son interrogation sur la réparation et s’intéresse dans ce roman à deux voix aux affres du remords et à la difficile reconstruction de soi. Elle convoque les Erinyes, divinités grecques qui harcèlent comme des mouches l’assassin et recourt à la métaphore filée du « grand lavoir » et au symbole des fleurs pour conduire ses personnages sur la voie du pardon et de l’apaisement. Il ne s’agit pas d’oublier les morts mais de vivre avec eux le mieux possible. Une très belle écriture délicate, inventive et poétique. (A.K. et A.Be.)