Une femme, jadis professeur sous une dictature, se remémore son passé lors de l’audition de danse de sa fille, et en particulier ce moment où suppliciée, elle s’imagina en train de danser afin d’échapper à la douleur. Un médecin d’origine est-allemande, élevé dans admiration d’un grand-père mort en franchissant le Mur, en révolte contre la société, est hébergé dans la campagne française par un drôle de couple. Alors que le père trafique de la drogue, la mère danse la nuit sur le toit de la maison, afin de communiquer avec son fils intellectuellement déficient qui joue dans la forêt.
Les personnages sont seuls, angoissés, hantés par des passés douloureux et morbides. Ils évoluent dans une atmosphère sinistre et étouffante, un monde où tout semble grave, compliqué, inquiétant, où la rationalité laisse la place au délire halluciné. L’écriture intense, au vocabulaire recherché, de cet auteur visiblement torturé (Des yeux pour mourir, NB novembre 2005) est le seul atout de ce livre étrange, déséquilibré, dont la cohérence semble absente, dont le sens reste mystérieux jusqu’à l’incompréhensible fin. Un traité de la désespérance humaine, dans lequel la danse apparaît comme la rare touche positive, idéal inaccessible et moyen d’échapper au réel.