Au moins il ne pleut pas

JACQUES Paula

Deux adolescents juifs, orphelins, Lola et Solly, débarquent au port d’Haïfa sous la pluie glaciale de l’hiver 1959. Arrivant d’Égypte, complètement perdus, ils trouvent un hébergement à Wadi Salib, un quartier vidé de ses habitants pour y entasser les réfugiés. Deux femmes énigmatiques, survivantes du camp de Ravensbrück, les accueillent avec humanité. Lola, intelligente, voudrait poursuivre ses études et apprend vite l’hébreu. Son frère Solly est entraîné dans des trafics frauduleux. Les secrets enfouis dans le passé des deux rescapées de la Shoah se dévoilent au fil des mois et prennent une place grandissante dans la vie de la petite communauté. En 1958, Paula Jacques avait neuf ans lorsqu’elle fut expulsée d’Égypte avec ses parents. Elle garde la mémoire des choses passées et la traduit avec une sensibilité, une chaleur humaine qu’un excellent talent d’écriture (Kayro Jacobi, juste avant l’oubli, NB mai 2010) transforme en une fiction attachante. Deux histoires se mêlent en une habile construction : celle des émigrés récents porte une réflexion sur la tolérance, la générosité, les problèmes d’intégration au sein d’une population colorée et disparate. Celle des camps est liée à la culpabilité, la dignité et la mémoire. Des thèmes graves pour un roman agréable à lire. (V.M. et D.A.)